13 octobre 2010

monet myope... et abstrait?


Voir pour peindre. Peindre pour voir. Monet souffrait de cataractes. La fin de son oeuvre fait éclater le regard, c'est l'expression très belle de Yves Pouliquen. Ce dernier, lors de ses nombreux voyages, ne ratait jamais l'occasion de visiter les musées où il savait trouver une ou plusieurs oeuvres du grand maître. 

« Ce qui me fascine : la manière dont il est capable de décrypter la composition colorée et formelle d’une situation visuelle et de la transformer. C’est tout de même extravagant! Les moyens sont spontanés. La mise en place des taches de couleurs est immédiate, les choses prennent forme par une exactitude comme s’il avait déjà presque une analyse médicale de ce qui se passe dans la vision! »
Son approche médicale, biologique, diffère des nombreuses études, critiques et autres commentaires faits sur l'art de Monet. Cet ophtalmologiste regarde les toiles avec la pathologie visuelle du peintre. La lumière qui réfléchit sur les objets, sur les éléments, sur les paysages, est analysée par le biais de l'image neurologique. Notre regard s'en trouve aussi modifié. Nous ne contemplons plus une image, mais nous la réfléchissons en nous plaçant dans la semi-voyance qui était la réalité de Monet.


À la fin de sa vie, il exigeait qu'on lui place les couleurs dans un certain ordre pour pouvoir créer les couleurs que son cerveau connaissait, mais que ses yeux ne voyaient plus.

Claude Monet, Les Roses, 1925-26, une huile sur toile, présente à Paris au Musée Marmottan est la préférée de Pouliquen. Il s’agit d’un des derniers tableaux de Claude Monet. Celui qu’il réalise pour son plaisir. Car avec cette œuvre et depuis longtemps, il n’a plus rien à prouver. Il est un peintre institutionnalisé : en 1922, il signe sa donation à l’État des Grandes Décorations des Nymphéas, grâce à l’entremise de Georges Clemenceau. Par ailleurs, depuis des décennies, les autres artistes ont « digéré » ses trouvailles esthétiques pour amener de nouvelles évolutions (en 1926, Picasso n’est déjà plus cubiste et l’art abstrait est déjà vieux d’une quinzaine d’années). Si Monet crée encore c’est avant tout parce que c’est son métier, ou plutôt, la passion de toute sa vie. Il peint pour son plaisir. Il peint pour lui. Il est libre.


Sa peinture épousait les pourtours de son imagination. Il ne s'agit pas d'un niveau d'abstraction, mais plutôt d'une vision cérébrale.










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